Je m’appelle Johnson Victorius FIRINGA, et je suis juriste de formation, avec une double maîtrise en droit public et en droit privé. J’ai débuté ma carrière dans une organisation régionale à Analamanga, que j’ai fondée après avoir découvert mon statut sérologique. J’ai ressenti l’importance de créer un espace de convivialité où les personnes partageant des problématiques similaires pourraient échanger.
Pour ce faire, j’ai officialisé cette organisation et demandé la collaboration de la commune pour éviter les frais de location d’un local. J’ai ensuite élargi cette initiative en dupliquant l’association dans 20 régions. C’est à ce moment que j’ai commencé à parler publiquement de ma vie avec le VIH, non pas pour être reconnu, mais pour encourager les personnes vivant avec le VIH et montrer que cette maladie peut toucher n’importe qui. J’ai visité des familles et réalisé un travail de terrain considérable. Aujourd’hui, lorsque je voyage en taxi-brousse, j’engage toujours des discussions sur le VIH pour sensibiliser davantage.
En septembre 2007, nous avons mis en place le réseau MAD’AIDS qui regroupe des associations d’acteurs sur la thématique du VIH, dont j’étais le président. Depuis 2014, je dirige donc MAD’AIDS, où je suis en particulier chargé de la mobilisation des ressources, notamment par le biais de demandes d’assistance technique.
Notre principale mission est l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH
MAD’AIDS, en tant que structure de coordination, joue un rôle crucial dans le renforcement des capacités et le transfert de compétences aux associations membres. Nous assurons également le suivi de leurs activités afin de garantir la qualité des données.
En tant que porte-parole des associations membres, MAD’AIDS se charge également des volets leadership, plaidoyer et communication, ainsi que de la mobilisation des ressources. Nous contractons avec des partenaires et confions la mise en œuvre des projets aux associations membres.
Notre principale mission est l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH, assuré par les associations membres sur le terrain. Depuis 2014, nous avons élargi notre champ d’action en intégrant la question des co-morbidités, en abordant également des problématiques comme la tuberculose, le paludisme, le diabète.
Lorsque l’accompagnement devient difficile, MAD’AIDS mobilise ses ressources centrales pour garantir un soutien de qualité. Nous établissons également un lien entre les structures sanitaires et les associations locales afin de veiller à ce que les soins soient centrés sur les personnes. En outre, nous avons un partenariat avec des centres d’écoute et de conseil juridique pour les victimes de violences basées sur le genre, et nous collaborons avec les forces de l’ordre pour lutter contre toutes les formes de violence.
Aujourd’hui, nous nous concentrons sur la création d’un observatoire visant à collecter et partager les bonnes pratiques, ainsi qu’à identifier les dysfonctionnements pour alimenter notre plaidoyer et influencer les politiques publiques.
Actuellement, MAD’AIDS compte 35 associations membres et une équipe de 14 permanents, plusieurs stagiaires et 64 consultants prestataires mobilisés selon les projets. Nous offrons également des formations gratuites, par exemple pour les assistantes sociales en matière d’accompagnement psycho-social.
Enfin, nous avons établi de nombreux partenariats dans le cadre de projet tels que EVAMAD, SYCAVI, avec des partenaires comme Médecins du Monde, Santé Sud.
Le projet Plurielles s’inscrit en complémentarité avec les autres acteurs de la lutte contre le VIH-SIDA
Le projet Plurielles présente plusieurs avantages pour nous. Il va renforcer notre gamme de services en ce qui concerne le cancer du col de l’utérus, une pathologie particulièrement pertinente pour les femmes séropositives. De plus, ce projet nous permettra d’accroître nos compétences sur le paludisme.
Le choix des districts d’intervention est également particulièrement intéressant, car il est souvent difficile pour nous de suivre les patients dans les zones rurales d’Ankazobe, Manjakandrina et Anjorombe, qui ne bénéficient pas du soutien du Fonds Mondial. Ce projet vient donc en complémentarité des autres initiatives menées par divers acteurs dans la lutte contre le VIH-SIDA.
Par ailleurs, le projet nous aidera à renforcer notre structure, à la suite d’un diagnostic organisationnel réalisé récemment avec le soutien d’Expertise France. Un plan de renforcement des capacités a été formalisé, et nous considérons cette initiative comme une opportunité précieuse.
En travaillant avec les agents communautaires, nous aurons l’occasion d’échanger sur les différentes pathologies (VIH, tuberculose, paludisme, cancer du col de l’utérus). L’idée est de mélanger les compétences des acteurs communautaires lors des activités de sensibilisation pour favoriser un enrichissement mutuel.
Nous souhaitons également apprendre de notre expérience avec Santé Sud sur la mise en place de cabinets médicaux dans des districts éloignés. Ce travail communautaire est formidable, nous sommes très intéressés d’en découvrir les enseignements pour inspirer de nouvelles initiatives communautaires comme, par exemple, le développement de centres de santé communautaires.
La lutte contre le VIH-SIDA nécessite de multiplier les partenariats
Nous avons choisi de devenir partenaires de Santé Sud en raison de son travail au niveau communautaire et de son expérience dans l’appropriation des services par les communautés. Lorsque nous avons appris que Santé Sud soutient les structures de santé en dehors du secteur public, notamment dans les campagnes, et qu’elle encourage leur investissement dans les milieux où elles opèrent, cela a renforcé notre motivation à collaborer avec eux.
Nous sommes convaincus que la lutte contre le VIH-SIDA nécessite une multitude de partenaires pour faciliter la mobilisation sociale et l’offre de services.
Un dialogue constructif entre les organisations de la société civile et les pouvoirs publics est indispensable
Au sein des organisations de la société civile, il est crucial de développer la collaboration et les partenariats. Si chaque acteur suit sa propre voie, il devient facile de détruire les efforts collectifs. En unissant nos forces, la société civile peut gagner en influence et en efficacité.
Il est également essentiel de promouvoir l’autosuffisance de l’Etat en matière de mobilisation des ressources domestiques. Nous ne devons pas toujours dépendre de financements extérieurs.
La société civile doit également saisir les opportunités d’assistance technique qui s’offrent à elle pour renforcer ses capacités. Ne pas tirer parti de ces opportunités risque de nous empêcher de répondre aux attentes de nos bénéficiaires.
Enfin, un dialogue constructif et continu entre les organisations de la société civile et les pouvoirs publics est indispensable pour résoudre ou éviter les incompréhensions et favoriser une meilleure collaboration.