À la suite de la formation en médecine d’urgence organisée par Santé Sud, nous avons eu l’opportunité d’interviewer le Dr RAKOTOMALALA Hasina Mirana Jacintha, médecin généraliste en zone rurale isolée. Cet entretien a été l’occasion de revenir sur son parcours inspirant, les défis rencontrés dans sa pratique quotidienne, et l’impact significatif de cette formation sur ses compétences et sa capacité à gérer des situations d’urgence. Son témoignage met en lumière l’importance de telles formations pour les professionnel·les de santé exerçant dans des pays à ressources limitées.
Pouvez-vous vous présenter et partager avec nous votre parcours ?
Je m‘appelle Dr RAKOTOMALALA Hasina Mirana Jacintha. Je suis médecin généraliste diplômée en 2018. J’ai travaillé en médecine libérale pendant 3 ans et, en 2021, j’ai été recrutée par le projet PARN, un projet de la Banque Mondiale. J’ai travaillé dans le Centre de Santé de Base Niveau 2 dans les zones rurales, au CSB2 Merikanjaka, qui se trouve dans l’extrême sud du district de Manjakandriana, à 80 km de Tananarive et 40 km de Manjakandriana.
Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées en travaillant en zone rurale isolée ?
Durant ma pratique de médecine en zone rurale isolée, j’ai dû faire face à des défis majeurs. Tout d’abord, les ressources limitées en raison du manque de médicaments et de matériel ; j’ai donc appris à me contenter des moyens disponibles dans le centre pour soigner et traiter les malades. Je trouvais très difficile de gérer les maladies des patients avec des ressources limitées, surtout en cas d’urgences vitales. De plus, il y avait les défis socio-culturels : étant une femme, tout le monde pensait que j’étais une sage-femme et non un médecin. J’ai donc dû travailler mon image en tant que médecin pour que la population n’ait pas de réticence à me consulter lorsqu’ils étaient malades.
Une de mes expériences mémorables au Centre de Santé de Base 2 (CSB2) Merikanjaka, c’est qu’à deux mois de mon arrivée là-bas, un homme est arrivé en état de choc distributif (choc anaphylactique). J’ai pris en charge le patient, malgré la présence de tradipraticiens qui suggéraient également leurs soins. J’ai insisté pour faire mon travail. Ces expériences m’ont permis non seulement d’enrichir ma vie professionnelle mais aussi ma vie personnelle, devenant une personne adaptable face à toute situation et renforçant les liens avec la communauté.
Vous avez récemment suivi une formation en médecine d’urgence. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette opportunité et son importance pour vous ?
Etant donné que je travaille dans la partie extrême sud du district de Manjakandriana, on m’a désignée pour suivre la formation en médecine d’urgence proposée par Santé Sud et je considère cette opportunité comme le début de mon apprentissage continu afin d’acquérir de nouvelles compétences.
La formation en médecine d’urgence dans les pays à ressources limitées se divise en trois parties : le cours en ligne présenté par le Dr Etienne KRAS avec 10 modules différents sur le site UNFSM, la formation pratique donnée par le Dr Etienne, le Dr Elodie et les professeurs de la Faculté de Médecine d’Antananarivo, et enfin le stage pratique dans les hôpitaux.
Durant notre formation présentielle, nous avons beaucoup appris sur la prise en charge de la détresse vitale, les techniques de suture et la mise en place de l’immobilisation plâtrée en cas de traumatisme. La formation pratique nous a permis d’enrichir nos compétences et nous avons pu progresser grâce aux nombreuses techniques enseignées par nos maîtres venant de Santé Sud et de la Faculté de Médecine d’Antananarivo.
La formation en médecine d’urgence est cruciale pour faire face aux situations critiques et sauver des vies. Elle permet d’acquérir de nouvelles compétences et nous rend aptes à gérer les cas d’urgence. Pour moi, avoir suivi cette formation en médecine d’urgence dans les pays à ressources limitées est une grande opportunité professionnelle. J’encourage donc les autres médecins travaillant dans les zones rurales à suivre également cette formation pour rester à jour avec les pratiques médicales et sauver de nombreuses vies.
Suivre la formation en médecine d’urgence a été une belle expérience pour moi, car j’ai pu améliorer la prise en charge des patient·es en zone rurale pour qu’ils et elles reçoivent des soins rapides et appropriés. En revenant au CSB2 de Merikanjaka, je souhaite partager ces nouvelles compétences avec mes collègues de travail pour créer une équipe bien préparée face à tous les cas d’urgence.