Dans notre série « Portraits d’expert·es », Santé Sud donne la parole à plusieurs professionnel·les de divers domaines du secteur santé, parti·es en mission à l’étranger aux côtés de l’ONG. Avec pour devise « Tout le monde a le droit d’être bien soigné·e », Santé Sud accompagne les acteur·rices locaux·ales à l’international pour permettre le renforcement de structures et systèmes de santé durables.
Diplômé de la Faculté de Médecine de Paris en 1977, Pierre Costes a exercé comme Médecin généraliste de campagne dans un village de la Drôme pendant 40 ans. Il décrit cette expérience comme le fondement de sa carrière : « Mon expérience de médecin généraliste communautaire est très importante pour moi. Elle m’a été très utile à la compréhension de la médecine rurale. ». Pierre est également détenteur d’un diplôme de Médecine de catastrophe, grâce auquel il est intervenu en Arménie et en Iran après d’importants tremblements de terre. C’est son parcours au sein de l’organisation des Médecins Généralistes, MG France qui lui a permis de connaître les programmes de médecine de campagne de Santé Sud. Pierre a été l’un des fondateurs, leaders puis Président jusque 2006 de cette organisation.
En 2007, Pierre s’engage dans un périple de 8 000 km à bicyclette pour se rendre à Madagascar depuis la Drôme. Son objectif, une fois sur place, était d’accompagner l’installation d’un médecin de campagne malgache. Pierre se replonge dans cette expérience marquante et décrit une réelle prise de conscience : « J’ai découvert et vécu l’isolement de ces médecins sur les plans personnel, professionnel et intellectuel. Le seul fil qui les reliait à l’extérieur était leur téléphone portable ! ». A partir de ce constat, Pierre était certain de l’apport des technologies pour ces médecins isolé·es en zones difficiles : « Beaucoup ne comprenaient pas qu’on veuille utiliser ces technologies modernes de communication alors qu’il n’y avait pas d’installation de base dans ces zones (eau, sanitaires, latrines, etc.). Personnellement, j’étais convaincu que ces technologies pouvaient rompre l’isolement, les rapprocher de leurs confrères·soeurs dans le pays, de leurs partenaires du Nord, du monde intellectuel et de la connaissance médicale. ». Peu de temps après ce premier constat, Pierre créé l’ONG Data Santé qui collabore avec Santé Sud pour améliorer les compétences des médecins communautaires en zones rurales grâce à un programme d’informatisation mobile et connectée des données. Le point d’orgue de ce partenariat survient en 2015 lorsque Santé Sud, en partenariat avec Data Santé, propose un programme spécifique d’installation d’un logiciel de dossier médical numérique dans les centres de santé de première ligne pour améliorer l’offre de soins au Mali. Ce projet a permis une claire amélioration des techniques de travail des professionnel·les de santé malien·nes – les médecins ayant un accès rapide à des informations claires sur l’historique et le parcours de soin des patient·es qu’iels traitent. Après cette réussite, Santé Sud et Data Santé ont répété leur programme au Bénin, en Guinée et en Mauritanie.
Pierre se remémore les difficultés rencontrées lors de la réalisation de ces programmes. D’abord, des problèmes techniques récurrents (réseau internet très réduit en zones rurales, absence d’informaticien·nes dans les environs) : « Nous devons installer le matériel et le logiciel et former le personnel autant à l’utilisation du système qu’à la technique (réparation, mises à jours, etc.). ». Ensuite, les réticences des patient·es quant à l’utilisation de ce dossier médical partagé ont pu être anticipées et évitées grâce à de nombreux échanges : « Il faut étudier toutes les situations, rencontrer tous·tes les acteur·rices, expliquer, discuter et montrer qu’on ne cherche pas à appliquer un modèle tout fait ! ».
En dépit des obstacles, le dossier médical partagé rencontre un franc succès dans les zones rurales où Santé Sud et Data Santé sont intervenues. Les populations sont conscientes de l’apport du dossier médical et sont satisfaites du suivi établi : « Aujourd’hui, plus de 400 000 dossiers médicaux partagés ont été ouverts dans les pays où Santé Sud intervient. Cet outil numérique est vécu de manière extrêmement positive par les communautés. Pour moi, le vrai retour positif est de voir que l’utilisation du dossier médical se poursuit alors que le programme initial est terminé ! ». Ces projets, et surtout les rencontres établies durant les programmes, ont également permis de faire émerger de nouvelles communications et collaborations scientifiques : « Chaque année, se tient un congrès des Médecins Généralistes en France. Nous avons pu organiser une session intitulée « Data Santé – Santé Sud » et faire venir, dans ce cadre, des médecins malgaches, béninois et maliens. »
Pierre Costes encourage les personnes partageant les valeurs de Santé Sud à s’engager aux côtés de l’ONG : « Ce sont des alliances de valeurs qui font les alliances durables. Santé Sud aide les populations à améliorer leur contexte de vie mais ne le fait pas à leur place ! ».
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